Chaque année, j’attends avec impatience l’arrivée des beaux jours… Car je sais que c’est l’occasion pour moi de retrouver mes baskets de trail. Le trail running, cette belle discipline dérivée de la course à pied, que je pratique depuis maintenant deux ans. Passionnée de nature et de sport, c’est une de mes façons favorites de me dépenser tout en profitant de paysages magnifiques.
L’année dernière, j’avais couru le trail de l’Aigle en Haute-Savoie. J’en garde un très beau souvenir, tout comme de mon premier trail en Alsace, un an plus tôt. Cette année, j’ai eu envie d’attaquer la saison un peu plus précocement, en me lançant un nouveau défi : le trail des Volcans ! Changement de région cette fois-ci encore, avec un cap sur l’Auvergne.
Quelques mots sur la course
Le trail des Volcans est une toute jeune course, qui a organisé sa quatrième édition cette année. Il s’agit en fait d’un regroupement de plusieurs courses sur trois jours : le tour des Volcans (142 kilomètres en trois étapes) et plusieurs courses de petit et moyen format, entre 15 et 58 kilomètres. J’ai choisi la deuxième étape du tour des Volcans : une épreuve de 32 kilomètres et 1300 mètres de dénivelé positif.
Je me lançais une fois de plus dans l’inconnu : jusque là, la plus grande distance que j’avais parcouru en pleine nature était de 26 kilomètres. C’est toujours un petit challenge de se rajouter quelques kilomètres supplémentaires – surtout que je me considère toujours comme une « jeune » traileuse, loin de posséder l’expérience des plus aguerris.
Pourtant, je partais plutôt confiante. Je me sais maintenant capable d’encaisser plusieurs heures d’effort et les courses de trail ne sont plus une totale découverte pour moi.
Et puis l’idée, c’est toujours de donner le meilleur de soi-même, pas d’aller chercher un chrono à tout prix.
Le plus beau en trail, ce sont toutes les émotions ressenties pendant le parcours… Et bien sûr, le franchissement de la ligne d’arrivée, qui est toujours synonyme de grand moment de joie.
Compte-rendu de la course
Quatre heures du matin, le réveil sonne. C’est la première fois que je suis obligée de me réveiller si tôt avant une course. Cela pique, mais pas le choix : il faut sortir du lit et avaler quelque chose pour pouvoir tenir pendant ces 32 kilomètres. Je ne change pas une équipe qui gagne : tartines de pain au beurre d’amande, une petite banane, une infusion.
Les sacs sont prêts depuis la veille. Les ravitaillements sucrés (pâtes de fruits et compotes) sont en place ; il ne me reste plus qu’à remplir la poche à eau. Je choisis de partir avec 750 mL sur le dos : il n’y a que deux ravitaillements et le dernier est posté deux kilomètres avant la fin (autant dire que je ne compte pas vraiment dessus). Nous nous habillons en silence avec Guillaume avant de prendre la route dans la nuit noire.
Nous récupérons nos dossards au niveau de la mairie de Saint Ours puis nous déposons la voiture sur le parking, où nous attendra notre navette. En effet, le départ et l’arrivée sont postés à deux endroits différents et il y a un petit trajet en bus à prévoir pour déposer les participants sur la ligne de départ. Il fait très froid mais le soleil se lève tout doucement. C’est magique de le voir s’élever progressivement au dessus des montagnes.
Quelques minutes avant le départ, les coureurs sont briefés sur le déroulement de la journée. Je grelotte avec mon simple tee-shirt et mon coupe-vent très léger, et mes quelques petits sauts sur place n’y feront pas grand chose. J’ai hâte de m’élancer, surtout que nous allons attaquer fort avec l’ascension du Puy de Dôme !
Sept heures. Le départ est lancé. Je trottine tranquillement pour attaquer les premiers kilomètres de montée. Mes jambes sont raides comme deux bouts de bois, complètement frigorifiées. C’est une drôle de sensation de se lancer sur une côte pratiquement à froid. J’ai du mal à savoir si je me sens en forme ou pas – j’ai l’impression que je viens tout juste de sortir de mon lit. Allez, force et courage !
Rapidement, j’alterne marche et course afin d’économiser mes forces. Autour de moi, le rythme est plutôt cool. Je constate une fois de plus que je ne suis pas la plus efficace en montée. Mais, contrairement à d’autres coureurs, je cours sur de petites portions, ce qui me permet de ne pas me faire dépasser.
C’est raide (environ 350 mètres de D+ sur les trois premiers kilomètres), mais je suis satisfaite de mon allure. Je suis même surprise d’arriver si vite en haut. Au moment de bifurquer pour attaquer le tour du Puy de Dôme, je croise le premier coureur homme qui amorce déjà la descente. Il file comme l’éclair, c’est beau à voir. De mon côté, je suis ravie de pouvoir enfin courir comme il se doit. Les lumières matinales sont magnifiques, le ciel est déjà bleu et je cours au dessus des volcans. Quel pied !
Il est temps d’amorcer la descente à mon tour, toujours par le chemin des muletiers. C’est mon truc à moi, j’adore voler dans les cailloux, choisir les bons appuis, prendre de la vitesse. Tout se passe bien pour l’instant. Mon corps est enfin réchauffé et je ne vais d’ailleurs pas tarder à retirer mon coupe-vent. Je finis cette boucle en 39 minutes, très satisfaite.
La deuxième partie du parcours se profile : je ne connais pas du tout les lieux, et c’est donc la surprise. Je suis très étonnée de trouver un terrain plutôt plat et roulant. Les kilomètres en bordure de forêt s’enchaînent à bonne allure, même si je me fais régulièrement dépasser par quelques personnes. Je ne me fie qu’à mes sensations : tant que le souffle est bon et facile, je fonce. Je ne regarde la montre que lorsqu’elle m’indique les kilomètres.
Une heure de course, petit état des lieux. Je sens le coup de barre arriver. Je m’inquiète : et si j’étais partie trop vite ? C’est tellement facile de se brûler les ailes sur les premiers kilomètres. Je choisis de sortir ma première pâte de fruits et d’adapter un peu l’allure, surtout que le parcours grimpe de nouveau un peu. Un petit quart d’heure plus tard, je reprends quelques couleurs. Ça y est, je suis rentrée dans ma course, et je suis curieuse de savoir comment va se passer la suite.
Dix kilomètres, 1h11 de course, tout va bien. Le parcours est définitivement très roulant sur cette partie et j’arrive rapidement à Vulcania, lieu de départ de la course de 19 kilomètres, qui emprunte le même tracé que nous. Je sais que le départ est prévu à 8h30 et que ma copine Aude y participe ; j’espère de tout cœur la croiser à temps. J’arrive pile après 1h30 de course, en même temps que les coureurs s’élancent. Cela bouchonne gentiment sur le kilomètre suivant, le temps que tout le monde trouve sa place. Je ne trouve pas Aude, qui doit être devant, alors j’accélère légèrement.
Je la retrouve vers le kilomètre 14, je suis ravie ! Nous discutons tranquillement, d’autant que nous attaquons une grosse côte et que mes cuisses commencent à me faire un peu mal. Je ne veux ni la ralentir, ni la pousser, donc je finis par reprendre mon rythme en haut de la côte. La vue est très belle, les conditions sont parfaites… Je commence à rêvasser tout en suivant les coureurs de devant quand je suis coupée net. Nous avons pris la mauvaise direction (comme beaucoup d’autres coureurs, hélas). Demi-tour, il faut tourner à gauche pour s’enfoncer dans la forêt. Il faut dire que le balisage est vraiment mal fichu.
Aude repasse devant ; je la garderai en ligne de mire pendant quelque temps, ce qui me motive à garder un bon rythme. Pendant que nous descendons, d’autres coureurs nous dépassent. Eux aussi se sont perdus, mais ils ont fait un détour plus conséquent (oups). Cela fait environ deux heures que je cours, et j’ai déjà fait plus de la moitié. Je trouve le chrono très encourageant et je suis vraiment ravie de ma première partie de course. Les premières petites douleurs arrivent (notamment, de gros échauffements aux pieds) mais pour le reste, je suis en forme et je ne vois pas le temps passer.
Je recroise Aude, je l’encourage et puis j’accélère pour attaquer une des descentes. Je double deux filles qui me paraissaient super à l’aise. Je suis persuadée qu’elles vont me rattraper dans l’une des dernières côtes. D’ailleurs, la dernière grosse difficulté se profile : une belle côte de deux kilomètres, que je mettrai environ 25 minutes à monter. Je me tiens les cuisses, le bas du dos commence à tirer… C’est dur et interminable pour tout le monde. Une coureuse me demande un peu désespérée où on en est du kilométrage. Eh non, cela n’est pas fini !
Et puis surprise, mon téléphone sonne. J’hésite à répondre… Tiens, c’est Guillaume. Il est peut-être arrivé ? Eh bien pas du tout ! Lui aussi s’est perdu et a fait un petit détour de… dix kilomètres ! Il est donc derrière moi. Bon… rendez-vous à l’arrivée !
Je me reconcentre. La côte se termine. Timidement, je demande à un coureur s’il reste d’autres montées avant l’arrivée. Réponse : non, ça descend jusqu’à la fin ! Whouou ! J’ai un regain d’énergie, même s’il me faut toute la volonté du monde pour relancer la machine et me remettre à trottiner. Les pieds chauffent, les cuisses sont bien raides, mais je suis toujours motivée et pas complètement cuite. Les derniers kilomètres sont faciles, il me reste juste à mettre une jambe devant l’autre en essayant de ne pas craquer. Je repense au marathon : cela fait 3h30 que je cours, j’ai déjà fait pire. Je m’encourage mentalement.
Un peu avant la fin, je me rends compte que je n’ai plus d’eau. Le ravitaillement arrive pile à temps. J’avale un verre d’eau fraîche qui fait beaucoup de bien et je ne m’attarde pas. L’arrivée est toute proche et je sais que je suis en train de faire un super temps par rapport à mes prévisions. Petite descente le long de la route. Virage à gauche. Virage à droite. J’aperçois l’arche d’arrivée. Virage à droite. Quelques foulées en montée et… FINISH !
Je ne pleure pas, je ne suis pas au bout de ma vie. Je suis juste hyper heureuse d’être arrivée. Sur l’affichage officiel, 3h47’53. Je n’en reviens pas ! Je pensais mettre 30 minutes de plus, c’est une très belle surprise. Bon, j’ai quand même du mal à rester debout, les jambes ont la tremblotte. J’attrape un verre d’eau, un biscuit et je me pose dans l’herbe au soleil, en attendant Aude et le chéri.
Épilogue
Cette course a été parfaite, j’en garde un excellent souvenir. Les conditions étaient idéales (grand ciel bleu, températures bien fraîches au départ, pas trop chaud pour la suite). J’ai trouvé le parcours plutôt accessible, avec certes de belles grimpettes mais surtout de longues portions très roulantes. Côté organisation, il faudra revoir le balisage car de nombreux coureurs se sont perdus… Mais pour le reste, c’était plutôt chouette : très belle ambiance, esprit trail, entraide et bonne humeur étaient de la partie. Tout ce que j’aime !
Concernant ma course, j’en retire beaucoup de fierté. Pour la première fois, je termine un trail « courte » distance en forme, sans avoir l’impression d’avoir laissé mon souffle et mes jambes dans le bas côté. Et pour cela, une seule explication : le travail. Cela fait un an que je m’entraîne avec un coach, ce qui m’a permis de faire de jolis progrès. C’est un vrai plaisir de pouvoir avancer plus vite, d’être plus forte dans les montées et plus économe sur la durée. J’ai vraiment hâte de pouvoir confirmer ces belles sensations dans une prochaine course !
J’espère que cet article vous aura donné envie de vous lancer !
Pauline
Un super compte rendu on sent bien que tu a vraiment apressier cette course. J’espère un jour pouvoir faire de si belle et longue course les paysages doivent être à coupé le souffle. Au plaisir de te lire.
Rhapsody in Green
Merci beaucoup Pauline ! Le trail permet en effet de découvrir de très beaux paysages, c’est vraiment une des choses qui me motive beaucoup à continuer ! Bises
Elise
Mais lol « « courte » » distance … je suis toujours épatée par les distances proposées en trail. Bravo pour cette belle course qui n’est pas du tout courte à mon humble avis 🙂 Si tu arrives en forme, en plus, c’est super encourageant. Tu peux faire confiance à ton entraînement, ça fait toujours plaisir !
Oui tu m’as donné envie de faire du trail … sauf pour le réveil à 4h.
Rhapsody in Green
Ahah si ça ne tenait qu’à moi, je n’aurais pas parlé de courte distance ! Mais voilà, officiellement, 32 kilomètres c’est court… oups. Je crois qu’on part de trail « long » à partir d’une quarantaine de kilomètres. Bref, peu importe en fait, je ne minimise pas du tout l’effort ^^
Ravie de t’avoir donné envie en tous cas. Attention, on devient vite accro 😉
Pour le réveil à 4h, sur le moment j’avais envie de rester sous la couette… mais ça m’a permis de courir à la fraîche, en évitant les grosses chaleurs… donc pas de regret après réflexion !
Aude
Encore bravo pour ta course ! Tu as fait un super chrono tu peux être vraiment fière de toi, surtout pour l’aller retour sur les muletiers (d’ailleurs je pense que c’est en grande partie cette portion qui t’aura valu les courbatures hihi).
C’était un plaisir de faire quelques portions avec toi, j’espère qu’on aura l’occasion de remettre ça vite 😉
Rhapsody in Green
Merci beaucoup ! Je crois que tu as raison pour les courbatures, c’était raide pour commencer la course ! J’espère aussi qu’on pourra se recroiser 😀
Myrtilla
Bravo, tes efforts ont payé ! 😀 Comme quoi parfois 32 km bien en côtes peuvent s’avérer plus faciles que 10km à presque plat ^â
Rhapsody in Green
Merci beaucoup ! Bien plus facile que 10 kilomètres, peut-être pas 😉 Mais c’est complètement différent en fait. Sur un 10 km, tu souffres à fond, mais c’est court. Sur du trail, c’est vraiment l’endurance qui est sollicitée… et dans un sens, je crois que je préfère. En tous cas, plus facile qu’un marathon, c’est sûr (pour moi) ! ^^ Bises