Le chamboulement de la grossesse… On s’y attend un peu, mais on n’est jamais vraiment préparée à ce qui va nous tomber dessus. J’ai eu le bonheur d’apprendre que j’étais enceinte il y a quelques mois et depuis, mon quotidien a été bouleversé. Pour être honnête, je ne savais pas encore si j’avais envie d’en parler ici. J’ai annoncé la jolie nouvelle sur Instagram et vos mots très chaleureux m’ont fait beaucoup de bien en cette période particulière. Lorsque je vous ai fait part de mes difficultés, vous avez été nombreuses à m’écrire : soit pour me remercier de prendre la parole, soit pour me faire part de vos propres doutes et passages à vide. J’ai ressenti une véritable solidarité féminine et un élan d’amour pour toutes ces femmes qui traversent l’aventure de la maternité, avec toutes les immenses joies que cela implique mais également les peines.
Cet article ne sera rien d’autre qu’un témoignage. Comme beaucoup d’autres, certes, mais c’est ce qui fait mon histoire. Chaque grossesse est différente, ainsi j’invite à un peu de bienveillance pendant votre lecture. Je suis très consciente de la difficulté à concevoir de nombreux couples. Cela touche de près plusieurs personnes qui me sont chères, alors je ne cesserai jamais d’avoir une pensée pour tous ceux dont le parcours est difficile.
Le contexte de la découverte de ma grossesse
Je n’ai jamais ressenti l’appel de la maternité au fond de mes tripes, comme cela peut être le cas pour certaines. Pourtant, je savais que je voulais des enfants (enfin… un ou plusieurs !), et si possible pas trop tard pour être capable de suivre le rythme. « Pas trop tard » pour moi, c’est aux alentours de 30 ans – mais je sais que le curseur peut être bien différent selon les couples. J’ai toujours eu conscience que l’arrivée d’un enfant changerait mon quotidien à jamais. Pendant longtemps, j’ai eu peur de la privation de liberté que cela allait occasionner. J’étais très attachée à mon indépendance, à mon travail et à ma routine sportive. Il était évident que la maternité allait apporter son lot de changements et que j’allais devoir faire des concessions. J’ai donc repoussé la question pendant un moment.
Vous le savez, l’année 2020 a été marquée par une pandémie mondiale, touchant tous les secteurs. Le sport notamment a connu un stop brutal, avec l’arrêt de pratiquement toutes les compétitions. J’avais prévu de me consacrer au triathlon pendant tout le printemps et l’été avec un gros objectif en vue : le half Ironman de Vichy, qui devait avoir lieu fin août. La suite, vous la connaissez… Tout a été annulé, les piscines autour de chez moi ont fermé, et les objectifs se sont envolés. J’ai maintenu mes entraînements en m’adaptant, mais rapidement j’ai compris que la vie ne reprendrait pas « comme avant » avant un long moment.
Etait-ce une raison pour mettre sa propre vie en parenthèses ? Pas pour moi. A la fin de l’été, nous avons décidé avec Guillaume d’arrêter toute contraception. Je ne m’étais mis aucune pression : je savais qu’il fallait en moyenne 6 mois à 1 an pour tomber enceinte. Ce que je n’avais pas du tout anticipé, c’est que je tomberais enceinte en seulement quelques jours ! Une vraie chance : je n’allais pas connaître les mois d’angoisse et d’attente que vivent certains couples. Mais d’un autre côté, je n’ai pas non plus eu le temps de me préparer à accueillir ce petit bébé. La grossesse m’est tombée dessus, et avec elle le tourbillon de symptômes et d’émotions.
Mes symptômes pendant le premier trimestre
Je me suis réveillée un matin avec une sensation un peu étrange. Cela ressemblait à des nausées, mais rien de très flagrant. Je n’avais même pas encore constaté de retard de règles, mais cela m’a clairement mis la puce à l’oreille. Le lendemain, même constatation, alors j’ai demandé à Guillaume de m’acheter un test de grossesse. Il n’y croyait pas du tout, et moi je plaisantais en imaginant la suite… J’ai fait le test un matin, seule, alors qu’il était parti au travail de bonne heure. Il n’a pas fallu longtemps avant que le résultat soit franchement positif. Quel choc ! J’ai ressenti un mélange de joie et de « ohlala mais qu’est-ce qu’on a fait ? » J’ai appelé Guillaume dans la foulée, incapable d’attendre le soir même. On s’est sentis comme deux idiots : heureux, bien évidemment, mais aussi un peu déboussolés. Le premier trimestre débutait.
Et puis rapidement, les symptômes de grossesse m’ont rattrapée. En quelques semaines seulement, je me suis sentie extrêmement fatiguée. Toute énergie avait quitté mon corps, j’étais devenue un véritable zombie. Un week-end, j’ai même dormi 18 heures d’affilée, chose qui ne m’était jamais arrivée. Les nausées m’ont frappée de plein fouet et je me suis sentie très malade, très vite. Au début, je les accueillais presque avec plaisir (cela signifiait que j’étais bien enceinte !) mais rapidement, elles ont transformé mon premier trimestre en véritable calvaire. Mes mots sont durs, mais j’ai beaucoup souffert. Je ne vois pas pourquoi on continuerait à invisibiliser la souffrance des femmes. J’ai eu envie de vomir toute la journée, toute la nuit, j’ai eu très mal au ventre, j’ai perdu l’appétit et je suis devenue incapable de m’occuper de moi-même. D’ailleurs, j’ai également vomi toutes les semaines pendant environ deux mois.
J’ai compté chacun des jours et j’ai même cru que je ne m’en sortirais jamais. Heureusement, mon mari m’a beaucoup épaulée. Sans son soutien, j’aurais eu beaucoup de mal à ne pas me noyer. En parallèle, j’ai continué à travailler : de longues journées debout, plutôt physiques et intenses émotionnellement. Dans un contexte plus favorable, je crois que j’aurais demandé à m’arrêter une semaine ou deux pour souffler, mais cela n’a pas été possible. Ces trois premiers mois se sont vraiment résumés à : dormir, travailler, se forcer à manger un peu (et quelques allers-retours au dessus de la cuvette des toilettes).
En parallèle, j’ai connu d’autres petits symptômes assez classiques : seins sensibles les premières semaines et constipation. Pas très drôle ni très sexy, mais c’est une réalité qui touche de très nombreuses femmes enceintes. En tous cas, j’ai trouvé le temps très long pendant ce premier trimestre.
Le corps qui change
Avant de tomber enceinte, j’étais en pleine forme physique. J’avais pratiqué beaucoup de course à pied et de trail tout l’été et je me sentais plutôt bien dans ma peau. Je n’ai jamais été particulièrement en conflit avec mon corps. Comme tout le monde, il y a beaucoup de choses que je n’aime pas chez moi, mais jusque là la cohabitation se passait plutôt bien. Avec la grossesse, le corps s’est mis à changer… Et même plus vite que je ne l’aurais cru.
Tout d’abord, j’ai été très surprise de prendre rapidement du poids. J’ai toujours été mince (voire trop mince). Mon poids était exactement le même depuis 15 ans. Le ventre plat et la taille fine sont deux choses que je considérais comme acquises. Mais là… ! Je me suis mise à stocker du gras à toute vitesse : mes hanches se sont bien arrondies et la cellulite s’est invitée en masse sur mes cuisses et mes fesses. J’ai toujours eu pas mal de cellulite, et je l’acceptais sans problème, sauf qu’on passait clairement au niveau supérieur ! Je le dis en riant mais franchement, c’est moche, ah ah.
Mes seins ont changé également : un peu plus gros, mais pas au point de gagner deux tailles de bonnet (dommage !). J’ai vite été à l’étroit dans mes jeans également : un mélange de ballonnement et de ventre qui commence à pointer le bout de son nez. Les jeans de grossesse ont été indispensables très vite, après un mois environ. J’ai investi dans deux pantalons (merci Vinted) et récupéré quelques habits d’une collègue. Pour le reste, ma garde-robe n’a pas changé. J’ai utilisé avec bonheur les sous-vêtements Organic Basics qui sont d’un confort absolu, en plus d’être 100% éco-responsables. Je porte sur la photo leur bralette ainsi que leur culotte, les deux en Tencel.
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A la fin du premier trimestre, la balance annonçait environ +4 kg ce qui est quand même pas mal. Honnêtement, j’ai accueilli tous ces changements (même la cellulite !) avec sérénité. Je sais qu’ils sont parfaitement normaux et qu’ils ne dépendent pas de moi. C’est plus « à l’intérieur » où je me sentie chamboulée. Malade, malmenée par les symptômes de grossesse, je ne peux pas dire que je me suis sentie épanouie. Mais tant que tout allait bien pour le bébé, j’étais prête à patienter.
Ma grossesse et le sport pendant le premier trimestre
En apprenant que j’étais enceinte, je me suis dit que je me fierais à mon intuition en ce qui concerne le sport. J’avais dans l’idée de continuer la course à pied si mon état le permettait, sachant que c’est tout à fait autorisé si vous avez le feu vert de votre médecin. Finalement, je suis allée courir trois fois et j’ai vite lâché l’affaire : trop fatiguée, pas de très bonnes sensations… J’ai complètement lâché prise sur le sujet, sans culpabiliser. Cela me manque, bien évidemment, mais je n’avais plus l’énergie ni les ressources mentales pour.
A la place, j’ai remplacé la course par quelques séances de vélo (VTC sur chemin sécurisé, puis home trainer sur mon vélo de course). Ma motivation n’a pas duré très longtemps non plus, mais c’était mieux que rien. Le plus gros échec concerne le yoga : j’ai tenté quelques séances que je n’ai jamais réussi à terminer tellement les nausées étaient insupportables. Je terminais mes sessions dans un pire état que celui dans lequel je les avais commencées.
Par contre, j’ai mis un point d’honneur à continuer à marcher et à mettre le nez dehors. Avant que le confinement ne reprenne (quelle angoisse !), j’ai profité de la forêt en automne et cela m’a fait beaucoup de bien.
Le bilan sportif est donc plutôt mitigé, mais vraiment, la grossesse n’est pas un moment où on doit se forcer. Moi qui ai plutôt un gros mental et une motivation à toute épreuve, j’ai découvert que j’avais des limites et je me suis tout simplement fait confiance. Ce n’est qu’une parenthèse dans ma vie et j’aurai tout le temps nécessaire pour retrouver une condition physique plus tard !
Le suivi médical
Je passe rapidement sur cette partie, qui est finalement la plus personnelle. Tout mon suivi de grossesse se passe à l’hôpital avec un gynécologue. Forcément, on est bien loin de l’accompagnement personnalisé et de l’écoute, car les patientes s’enchaînent toute la journée. Lorsque j’ai parlé de mes maux de grossesse, je me suis sentie ignorée et je suis repartie de mes rendez-vous sans aucune solution. J’ai encore une fois eu l’impression que les femmes n’étaient pas prises au sérieux. J’ai la chance d’avoir un mari aux petits soins qui me soutient, mais clairement certaines femmes doivent se sentir bien seules et désemparées. Pendant tout mon premier trimestre, j’ai pensé très fort à toutes celles qui souffrent. J’ai compris que la phrase « la grossesse n’est pas une maladie » était vraiment bidon !
Heureusement, il y a eu de beaux moments, comme les premières échographies. C’est très chouette de voir son petit bébé grandir et bouger – et cela rend les choses beaucoup plus concrètes. J’ai mis du temps avant de vraiment réaliser ce qui se passait à l’intérieur de moi. Déjà parce que le risque de fausse couche est élevé au premier trimestre (1 femme sur 4, comme me l’a gentiment rappelé mon médecin au premier rendez-vous). Mais également parce que mon dossier médical est lourd et atypique, avec un risque de complications. Les premiers mois ont été stressants et j’ai dû courir d’un hôpital à l’autre, d’une spécialité à l’autre, refaire des analyses…
Pour toutes ces raisons, j’ai attendu un peu avant d’annoncer la nouvelle au plus grand nombre. Malheureusement, certaines personnes n’ont pas respecté ce choix et ont voulu à tout prix s’immiscer dans ma vie privée. Faut-il encore le redire ? On ne demande pas à une femme si elle est enceinte. On ne donne pas son avis (non sollicité !) sur la façon de gérer sa vie. Tout simplement parce que l’on ne sait pas ce qu’il se passe dans l’intimité d’un couple ou derrière les portes d’un foyer. Certaines questions peuvent mettre mal à l’aise, ou dans le pire des cas blesser. Notre corps n’appartient pas au domaine public, et si je dois passer pour une féministe aigrie en le disant eh bien… Tant pis !
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Je termine ce long article en vous remerciant une nouvelle fois pour tous vos messages adorables. J’ai eu à cœur de vous parler de mon expérience sans filtre. Cela change peut-être du discours habituel, souvent édulcoré, mais je pense qu’il est temps de faire tomber quelques tabous. La grossesse peut être une expérience aussi merveilleuse que terrifiante, qui ne sera pas abordée de la même manière par toutes. Si vous êtes dans une situation difficile, n’hésitez pas à en parler autour de vous. De mon côté, je répondrai avec plaisir à vos questions éventuelles.
Sophie
Merci pour cet article très honnête, comme tu le dis, c’est important de faire tomber les tabous. Bon courage pour la suite !
Rhapsody in Green
Merci Sophie, faire passer certains messages me tenait à cœur !
Aude (ode.comnal)
Bonjour Astrid,
Tout d’abord encore une fois félicitations à vous 2 !
Une jolie aventure semée d’embûches, bon courage pour tenir le coup, tu es une warrior !
C’est chouette de pouvoir lire des témoignages transparents, bien qu’ils fassent « moins rêver » c’est bel et bien la réalité !
Je vous souhaite plein de bonheur à tous les 2 (puis à tous les 3 ;))
Rhapsody in Green
Merci beaucoup encore une fois <3 Et oui la grossesse ne fait pas rêver tout le monde, il y a autant de ressentis que de futures mamans. Mais on nous vend tellement l'image de la femme épanouie, en pleine forme... Que pour celles qui luttent, c'est un peu difficile. Bisous !
Elise
Merci pour ce témoignage, je te souhaite encore une fois beaucoup de bonheur (et moins de nausées).
Je suis très contente de voir que les femmes parlent de plus en plus ouvertement. Tu es courageuse de participer !
Rhapsody in Green
Merci Elise ! Heureusement les nausées ont commencé à se faire plus discrètes au 2e trimestre et ont fini par disparaître à 95%. Bon, il y a d’autres petits symptômes plus ou moins sympas qui les ont remplacées, mais je me sens quand même mieux depuis quelques mois 🙂
Elise
Tant mieux 🙂
J’ai oublié de te dire que les photos sont très jolies !
Myrtilla
Coucou ! Moi j’ai bien aimé ton article et je trouve très bien que tu mettes l’accent sur ce qui ne va pas, ce n’est pas à négliger et ça peut être utile pour d’autres femmes si elles sont dans la même situation !
J’espère que ça ira mieux pour la suite, je me réjouis de te lire 🙂 Prends soin de toi, bisous !
Rhapsody in Green
Merci beaucoup ! Je suis en train de préparer les articles suivants 🙂
Bisous
Pia
Hello, tous mes voeux de bonheur et merci pour ce témoignage vrai et rafraîchissant! Tes articles sont toujours bien écrits, il n’y a rien de choquant je trouve. Ayant une maladie chronique, ma grossesse sera ultra surveillée, je prends bonne note de tes ressentis, plein de bises!,
Rhapsody in Green
Merci beaucoup, et félicitations à toi aussi ! Prends bien soin de toi 🙂
Natalia
Merci beaucoup pour ton courage et le tps que tu as pris d écrire cet article. Je suis à 10 semaines et je réalise à quel point le monde du travail n’est pas du tout adapté à ce que peut vivre une femme pendant le premier semestre et aussi le peu d’informations qu’on reçoit de notre médecin sur ce qui nous attend et aussi étrangement du peu de ressentis partagés par les femmes qui m’entourent… souvent ça se résume à « je n’ai pas bcoup aimé être enceinte « mais cela cache en réalité tant de souffrance et de ressentis différents et de challenges. J’avais lu la liste des symptomes mais c’est rien par rapport à l’expérience reelle et l’échelle du bouleversement! Je suis comme toi, j’adore la course à pieds, le hiking …. Perdre tout son énergie du jour au lendemain était vraiment dur. Merci encore d’avoir partagé 👍 cela me
Soulagé de lire cet article, je me sens moins seule.