On compare souvent le troisième trimestre de grossesse à la fin d’un marathon. Enfin, on commence à apercevoir la ligne d’arrivée, celle tant attendue, symbolisant la rencontre avec notre bébé. Mais avant d’accoucher, il se passe encore trois mois. Trois mois pendant lesquels le corps change et se prépare. Trois mois pendant lesquels on envisage doucement l’idée de devenir maman pour de vrai.
Si je n’ai pas été particulièrement épanouie depuis le début de ma grossesse, je dois dire que j’ai retrouvé une certaine forme de paix récemment. J’ai enfin pris le temps de me reposer et de ralentir. En acceptant de prendre ce temps pour moi, j’ai gagné en sérénité. Bien sûr, tout n’a pas été un long fleuve tranquille, mais après le tourbillon des deux premiers trimestres, j’ai trouvé cette dernière partie de grossesse plus douce.
Avec ce dernier article, je vous emmène avec moi pour la fin du voyage. N’hésitez pas à relire les billets consacrés au premier trimestre, ainsi qu’au second.
J’ai rédigé cet article alors que j’étais encore enceinte, mais je n’ai trouvé le temps de le publier que maintenant. Je consacrerai bientôt un nouveau billet au post-partum et à mes premiers mois avec mon bébé. Abonnez-vous à la newsletter pour ne pas le manquer !
Un temps de repos nécessaire
Mon deuxième trimestre de grossesse m’avait laissée dans un état d’épuisement avancé. J’avais jusque là continué à travailler à temps plein (voire plus que plein !), avec en tout et pour tout une seule semaine de congés sur les sept derniers mois. Mon travail, plutôt exigeant et physique, me demandait de plus en plus d’énergie. Debout une grande partie de la journée, trajets en voiture, port de charges lourdes, forte implication émotionnelle, contact avec le public dans un contexte sanitaire défavorable… Je sentais mes forces me quitter de jour en jour et mon moral flancher chaque semaine un peu plus.
Fin février, j’ai fait le point avec le gynécologue qui me suit et celui-ci a pris la décision de m’arrêter. Les analyses réalisées par la suite ont révélé une anémie (phénomène très fréquent pendant la grossesse) ainsi qu’une tension plus basse que d’habitude. J’ai accueilli cet arrêt de travail avec soulagement – et avec une pointe de culpabilité je dois l’avouer. Mais à l’impossible, nul n’est tenu, n’est-ce pas ?
Avec le recul, je sais maintenant que c’était la bonne décision. J’ai passé les quinze premiers jours d’arrêt alitée, entre deux grosses crises de migraines. Les semaines suivantes ont été extrêmement calmes. Toujours fatiguée, avec une gêne visuelle persistante suite à mes migraines, incapable de me concentrer, j’ai lâché prise. Il m’aura fallu pratiquement deux mois (et une bonne complémentation en Fer !) pour avoir l’impression d’émerger du brouillard.
Les petits maux de grossesse du troisième trimestre
A chaque trimestre de grossesse, son lot de petits (ou gros) désagréments ! J’ai bien sûr expérimenté quelques symptômes inconfortables, mais rien d’aussi terrible que les nausées du début. Je ne m’en suis toujours pas remise, ah, ah !
Vers la fin de la grossesse, le ventre commence à prendre de plus en plus de place. Contre toute attente, le mien a tout simplement grossi à une vitesse folle, pour devenir vraiment imposant à partir du 7ème mois. Avec ce poids supplémentaire, les petites douleurs s’accentuent. Mal de dos, bassin douloureux et tensions ligamentaires en région pubienne sont chose fréquente, et je n’y ai pas échappé. Rien d’insurmontable, j’ai trouvé quelques astuces pour me soulager comme l’utilisation d’un swiss-ball ou de mon coussin de grossesse.
Les maux de tête m’ont également accompagnée un moment, surtout en première partie du troisième trimestre. J’ai dû sortir ma boîte de paracétamol plus fréquemment que d’habitude. La nuit, les reflux gastro-oesophagiens ont continué à me tourmenter. J’ai fini par accepter de prendre un traitement jusqu’à la fin de ma grossesse.
Ma relation au sommeil s’est un peu modifiée. Je sens que j’ai besoin d’une routine pour passer une bonne nuit. Si je me couche un peu plus tard que d’habitude, je peux me réveiller au milieu de la nuit et souffrir d’insomnie, ou me réveiller beaucoup trop tôt le matin. Globalement, mon sommeil est beaucoup plus agité et je me tourne des dizaines (vingtaines !) de fois avant de trouver une position confortable.
Enfin, maintenant que je suis dans mon 9ème mois, je me sens plus sujette aux chutes de tension, aux bouffées de chaleur et à l’essoufflement.
Tous ces symptômes peuvent paraître handicapants, mais je ne me considère pas spécialement malchanceuse. Déjà, tout n’arrive pas en même temps. Ensuite, certaines journées (et nuits) se passent bien. Je conserve une bonne mobilité, je peux aller marcher, m’occuper de ma maison… Certes je reste très fatigable, mais c’est le lot de beaucoup de futures mamans.
Le suivi médical : encore des surprises !
Pendant ce dernier trimestre, nous sommes très suivies et accompagnées. Les rendez-vous obligatoires sont les consultations mensuelles de suivi et l’échographie de croissance (T3). Je me suis rendue à l’examen sans appréhension particulière. J’espérais juste que mon bébé ait bien grandi, car les mesures étaient dans la fourchette basse pendant le deuxième trimestre. Quel choc lorsque le gynécologue m’a annoncé que la demoiselle se trouvait maintenant tout en haut des courbes, au 98ème percentile ! Avec ces mesures, le bébé est considéré « macrosome », avec de bonnes chances de peser plus de 4 kg à terme. Et comme si cela ne suffisait pas, la petite se trouvait en siège, au lieu de se présenter la tête en bas.
Bon. Deux informations à digérer car cela signifiait un accouchement potentiellement plus compliqué avec un risque plus élevé d’intervention médicale (déclenchement, césarienne…) Rien n’étant joué, j’ai décidé de me renseigner sur toutes les implications, et de me donner une petite chance d’inverser la tendance.
Concernant le poids du bébé, déjà. Je ne fais pas de diabète gestationnel donc c’est quelque chose qui échappe en grande partie à mon contrôle. Je me suis efforcée de manger sainement depuis le début de ma grossesse, en me faisant plaisir de temps en temps, toujours sans excès. Ayant pris moi-même beaucoup de poids, j’ai tout simplement décidé d’arrêter de consommer du sucre ajouté. Adieu les desserts, limitation des fruits, assiettes encore plus équilibrées que d’habitude… En mangeant à ma faim évidemment, car la grossesse n’est pas une période adaptée pour se lancer dans un régime !
En parallèle, je me suis renseignée sur les méthodes pouvant aider au retournement du bébé. Il faut savoir que la plupart des bébés sont déjà dans la bonne position au moment de la dernière échographie. Seuls 10-15% des bébés se trouvent en siège à ce moment là, et environ 3% sont dans cette position au moment de l’accouchement. Sur les dernières semaines de grossesse, un retournement (spontané ou assisté) est donc possible. Au niveau des méthodes « non médicales » on peut citer l’acupuncture, l’ostéopathie et les exercices à la maison en prenant différentes positions. Le niveau de preuve scientifique est assez faible, mais je voulais tout tenter pour n’avoir aucun regret.
C’est simple, j’ai tout testé ! Et c’est ainsi que je me suis retrouvée les fesses en l’air et la tête en bas sur mon ballon de grossesse deux fois par jour, à me faire planter des aiguilles au niveau des petits orteils et à allumer des bâtons de moxa tous les soirs. Un vrai programme !
Hasard ou efficacité réelle, mon bébé a fini par se retourner au bout d’une dizaine de jours. Quel soulagement ! Et au niveau du poids, cela s’est un peu stabilisé… Mais j’attends toujours un bébé très bien portant ! Cela sera la surprise le jour J.
Préparer tranquillement son arrivée
Comme je le disais, on accompagne beaucoup les futures mamans pendant leur fin de grossesse. J’ai notamment suivi trois cours de préparation à l’accouchement ainsi qu’un cours sur l’allaitement, tous dispensés à l’hôpital où je suis suivie. Avec les restrictions sanitaires, les futurs papas n’ont malheureusement pas pu y assister. Honnêtement, je n’en ai pas souffert car je n’ai pas trouvé ces cours absolument indispensables. Je pense qu’ils sont très bien faits et intéressants pour se rassurer, pour glaner quelques informations pratiques… Mais globalement, je ne suis pas ressortie de là avec une méthode clé en main. Au contraire, les sage-femmes nous ont donné quelques ressources pour gérer la douleur par exemple, mais nous ont surtout dit de nous faire confiance.
De mon côté, l’accouchement n’est pas une épreuve que je redoute. J’aurai peut-être un tout autre avis dans quelque temps, mais en attendant je suis plus impatiente que véritablement anxieuse. Autant j’ai beaucoup aimé me renseigner sur les différentes étapes de la grossesse, sur le post-partum, sur les tous premiers jours du bébé… Autant je n’ai pas ressenti le besoin de me préparer au jour J telle une future marathonienne. Je crois vraiment que mon instinct sera mon meilleur allié. De plus, je n’ai aucun projet de naissance particulièrement naturel ou physiologique, je ne redoute pas les interventions médicales si elles sont nécessaires, et je prévois de recourir à la péridurale si j’en ressens le besoin. Je sais que cela ne se passera probablement pas comme prévu, ce qui enlève une forme de pression !
Dans la maison, tout s’organise tranquillement. J’ai pratiquement bouclé la valise de maternité ainsi que le sac pour la salle de naissance. Sous les bons conseils de copines, j’ai cuisiné et congelé plein de petits plats pour l’après. J’essaie de maintenir le ménage et le rangement à jour pour ne pas avoir de mauvaise surprise en rentrant de la maternité. Enfin, les petites affaires de baby girl sont prêtes. Nous n’avons pas acheté beaucoup de choses, simplement ce qui nous paraissait indispensable. Les bébés ont des besoins et des personnalités différents, et nous préférons acheter au fur et à mesure ce qui nous sera vraiment utile. Et puis nos proches ont commencé à bien nous gâter !
Le corps de la future maman… Et l’après
Je clos ce journal de grossesse avec une petite réflexion sur le corps et le rapport à soi. Pendant ces 9 mois, j’ai vu mon corps changer à toute vitesse, sans que je ne puisse rien maîtriser. J’ai pris beaucoup plus de poids que je ne l’aurais imaginé (environ 16-17 kg en tout) et si cela m’a amusée au début, je me suis sentie un peu désemparée par la suite. Monter sur la balance a fini par devenir une petite source d’appréhension. Pourtant le poids de la femme enceinte ne devrait pas être sujet à débat, tant que tout se passe bien d’un point de vue médical et que l’alimentation est variée et équilibrée. Je n’ai pas reçu la moindre réflexion des médecins qui me suivent et je les remercie de ne pas m’avoir culpabilisée avec cela.
J’ai eu une relation assez ambivalente avec tous ces kilos supplémentaires. D’un côté, je n’ai pas trouvé ma silhouette trop modifiée – à part le ventre évidemment. Je ne me suis pas sentie « grosse » (encombrante, oui…) mais j’ai bien été obligée de constater que je ne rentrais plus dans aucune de mes anciennes affaires. J’ai pris des cuisses, des hanches, mon dos s’est élargi, mes côtes se sont écartées, ma peau s’est étirée… Et cela a beau être pour la plus jolie raison du monde, il n’en reste que ces modifications sont un peu déstabilisantes. J’ai l’impression d’avoir fait subir à mon corps des contraintes importantes, et je n’aime pas du tout l’idée de l’avoir abîmé. Et encore, l’accouchement n’est pas encore passé par là !
Peut-être que tout cela n’aura plus aucune importance pour moi une fois que j’aurai mon bébé dans les bras. Mais je préfère être honnête en admettant que j’appréhende l’après et ce nouveau corps que je vais devoir apprivoiser en post-partum. J’aimerais retrouver mon corps d’avant, oui. Ce n’est même pas une question de poids (je me pèse rarement). Simplement une question d’enveloppe, de sensations, de silhouette… Je sais qu’il me faudra être patiente et bienveillante avec moi-même, car c’est une période difficile pour beaucoup de nouvelles mamans.
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Ma grossesse touche à sa fin, et je vais passer les derniers jours à me reposer. J’ai pris beaucoup de plaisir à vous raconter cette période intense en émotions. Encore une fois, il ne s’agit que de mon témoignage. Sans filtres, le plus honnête possible. Peut-être que cela ne collera pas tout à fait à l’image trop lisse qui est souvent véhiculée par la grossesse. Mais je trouve important que toutes les voix puissent se faire entendre. Je rédigerai probablement un nouvel article sur le post-partum, une période encore plus taboue !
Myrtilla
Coucou ! Merci pour cet article honnête ! Je t’avoue que moi aussi, ce qui me fais peur dans la grossesse, c’est d’avoir le corps changé (plus large de tous les côtés quoi). Mais d’un côté je me dis aussi que le sport peut aider. Bref, beaucoup de questionnements. Je me réjouis de lire ton prochain article ! 🙂
Rhapsody in Green
C’est vrai que c’est vertigineux, mais finalement le corps retrouve ses marques après l’accouchement également. J’essaierai de bien détailler cette partie dans le prochain article. Merci de m’avoir lue !
Elise
Merci pour l’honnêteté de ton témoignage ! J’espère que tout se passe bien avec baby girl 🙂 Je lirai la suite de l’aventure avec plaisir.
Rhapsody in Green
Oui tout va bien, merci Elise ! J’espère que tu vas bien également 🙂