J’ai conscience que ce titre est volontairement provocateur… Mais il a l’avantage de pointer du doigt une certaine dissonance entre les injonctions qui nous assaillent de toute part, et nos capacités à y répondre dans un quotidien déjà rempli et étouffé par la charge mentale. Pour préciser, j’ai longtemps cru que pour se dire écolo, il fallait adopter un certain nombre de gestes recommandés (trier ses déchets, acheter en vrac, fabriquer ses produits ménagers…) et que cela serait suffisant si tout le monde s’y mettait.
C’est oublier que cette écologie « au foyer » est surtout l’apanage des femmes, qui se sont emparées du sujet quitte à se mettre une grande pression, et des personnes aisées. Traduction : peu de choses sont faites pour nous faciliter la tâche. Dès que l’on rencontre quelques difficultés dans sa vie personnelle, on peut avoir tendance à reléguer le sujet au second plan. Même avec toute la bonne volonté du monde !
Par ailleurs, toutes les petites actions individuelles n’ont malheureusement que très peu impact à l’échelle planétaire, ce qui devrait finir d’en déculpabiliser plus d’un. Cela ne veut pas dire qu’il ne faut pas les faire, évidemment… Mais qu’elles doivent être remises dans leur contexte. De mon côté, le sujet me tient toujours à cœur évidemment, mais je ne souhaite plus me mettre me mettre la pression et culpabiliser si je fais un écart. Je me concentre sur des actions qui ont plus d’impact, notamment au niveau alimentaire et mode de déplacement. Les petits gestes au quotidien occupent toujours de la place, mais je priorise maintenant ceux qui font vraiment sens et qui ne viennent pas me compliquer la vie.
La lessive maison
J’ai fabriqué ma lessive maison pendant quelques années, avec une des recettes à base de copeaux de savon de Marseille que l’on trouve un peu partout. Honnêtement, je n’ai pas tellement eu à m’en plaindre. Mon linge était correctement lavé, même à basse température (je favorise les lessives à 30°), et je n’ai pas connu de gros désagrément. De petites choses tout de même m’ont un peu embêtée : la nécessité d’avoir toujours un bidon d’avance car il y a un temps de repos après la préparation de la recette, des traces blanches parfois sur les vêtements sombres (en frottant à la maison ça s’estompait correctement) et des odeurs persistantes sur les habits de sport (pas à chaque fois, mais j’ai fini par me questionner). Alors c’est sûr, côté économies, la lessive maison est imbattable ! Mais elle demande un peu d’anticipation et ne semble pas adaptée à tout.
Ce qui a fini par me convaincre, c’est de prendre connaissance qu’elle pouvait à terme encrasser notre lave-linge. En effet, les molécules de savon ont tendance à cristalliser en eau froide (d’ailleurs, la lessive n’est pas vraiment liquide à température ambiante). Donc non seulement ce n’est pas très efficace pour le lavage à basse température, mais en plus cela cela peut venir endommager la tuyauterie à la longue. C’est l’effet lime soap, parfaitement expliqué sur l’article de Denovo. Or savez-vous ce qui n’est vraiment pas écolo ? Remplacer trop souvent ses appareils électroménagers !
Depuis que je sais cela, j’ai terminé mon paquet de savon et je suis repassée à de la liquide lessive classique. Je la choisis sur La Fourche, certifiée éco-détergent. Elle est également très économique, éco-responsable avec son grand format, et efficace. Je frotte de toute façon les taches tenaces avant afin de faciliter leur élimination. Cela me simplifie la vie, et je ne pense pas revenir en arrière.
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Fabriquer mes cosmétiques
Pour être honnête, je n’ai jamais été une grande aventurière de la cosmétique maison. C’est vrai que j’ai fabriqué quelques produits par le passé, soit à partir de kits tout faits, soit en suivant une recette. J’ai notamment créé une recette de déodorant en m’inspirant de ce que je trouvais en ligne, et celle-ci a plutôt bien marché !
Pourtant, ce n’est pas quelque chose que je prends plaisir à faire. Je préfère mille fois faire confiance aux marques, qui ont une vraie expertise et qui proposent des produits sensoriels et pointus. Je ne suis pas convaincue non plus que la cosmétique maison soit si écolo que cela… Avec tous les ingrédients (pas utilisés en totalité) et le matériel, la balance ne penche clairement pas en sa faveur ! C’est donc quelque chose que j’ai rapidement abandonnée, me concentrant sur d’autres gestes écolo plus gratifiants.
Faire mes courses façon zéro déchet
Vous vous rappelez quand le livre de Béa Johnson est devenu populaire ? Il y a eu toute une effervescence au sujet du zéro déchet, et c’est vrai que son parcours était inspirant. A l’époque, j’ai voulu bien faire et j’ai tenté de suivre au mieux ses conseils, notamment pour faire mes courses. Clairement, je me suis vite cassé les dents, et j’ai dû accepter que ce ne serait pas parfait. Rien n’est fait pour limiter les déchets dans les grandes surfaces. Tout est suremballé et plastifié, il est vraiment compliqué d’être irréprochable.
A relire : Faire ses courses façon Zéro Déchet
Au maximum, je fais mes courses en ligne pour les aliments secs (sur la Fourche). Ce n’est pas vraiment du zéro déchet car il reste un peu d’emballages en papier kraft. En revanche, cela limite un peu les pertes, et tout se recycle. Je favorise aussi les marchés et les producteurs dès que je le peux. Mais on ne va pas se mentir, nous avons régulièrement besoin de faire une course d’appoint ou deux dans la semaine, et ce sont souvent les grandes surfaces les plus pratiques pour cela.
Penser à tout moment de la journée à ses pochons, ses bocaux… C’est une vraie gymnastique ! Vraiment penser zéro déchet reviendrait à n’acheter que des ingrédients bruts et à tout faire soi-même. Cela demande du temps et une énergie que beaucoup de foyers n’ont pas ! Je me contente de faire de mon mieux, sans trop culpabiliser.
Le covoiturage
Celui-là, ce n’est pas de bon cœur que je l’ai abandonné. Simplement, ce mode de déplacement n’est plus tellement compatible avec mes besoins familiaux. Depuis que nous avons un enfant, nous ne voyageons plus qu’en famille pour plusieurs raisons. La première, c’est une question de confort pour les passagers. Je ne souhaite pas imposer un enfant agité, en pleurs, à des personnes que je ne connais pas. Le siège auto prend pas mal de place derrière aussi, ce qui ne nous permettrait de ne prendre qu’un seul passager supplémentaire. La deuxième raison, c’est pour le confort de mon enfant. Je veux pouvoir suivre son rythme, nous arrêter lorsqu’elle en ressent le besoin, et ne pas non plus lui imposer une personne inconnue et potentiellement intimidante dans la voiture.
Pour les trajets du quotidien, j’utilise assez peu la voiture, et uniquement pour des trajets courts. Cela ne justifie pas tellement le covoiturage. Et pour les longs trajets, c’est toujours en famille… Donc une forme de covoiturage aussi, peut-être ?
En tous cas je n’exclue pas du tout d’y revenir quand l’occasion se présentera. J’ai eu beaucoup d’expériences positives, notamment pendant toute ma vie d’étudiante et de jeune adulte.
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Et vous, qu’avez-vous changé de vos gestes écolo sur ces dernières années ?
Elise
Je suis complètement en phase avec ton approche rationnelle du problème 🙂
Les bilans carbone m’ont fait réaliser les proportions de nos différentes actions. Faire sa lessive n’a que peu d’impact par rapport à réduire sa consommation de viande par exemple. Et je pense vraiment qu’on n’a le « loisir » de s’en préoccuper que si on n’a pas de problème vital à gérer. Ça reste des choses assez ponctuelles finalement. Les actions collectives ont beaucoup plus d’impact.
Reporter la responsabilité sur les individus, c’est hypocrite, parce que ça ne suffit pas. Et même si ça suffisait, on ne peut pas exiger de tout le monde d’en faire sa priorité, en tout cas je ne pense pas que ce soit réaliste.
J’ai arrêté pas mal d’habitudes aussi qui n’étaient pas pratiques, mais j’essaie de garder en tête certaines priorités : éviter l’avion, éviter la voiture quand c’est possible, réduire la viande et … si possible, voter pour des programmes écolo convaincants, malheureusement c’est toujours très décevant de ce côté là !
Rhapsody in Green
Je te rejoins totalement, mes deux priorités à l’échelle individuelle restent de limiter l’avion (pas de vol depuis 4 ans) et de continuer mon alimentation végétarienne (je pourrais essayer de la végétaliser encore un peu plus en limitant les produits laitiers mais j’ai encore du mal). Complètement d’accord aussi pour le côté politique (l’écologie ne peut d’ailleurs pas se dépolitiser). Même si les propositions sont décevantes j’oriente maintenant mes votes dans ce sens et par ailleurs, je soutiens dès que je le peux les initiatives citoyennes en faveur du climat. J’ai pourtant l’impression de n’être qu’une goutte d’eau dans un immense océan, mais je n’arrive plus/pas à raisonner de manière hypocrite et individualiste, alors je me tiens à ces quelques (maigres) lignes de conduite !
Elise
Je suis d’accord avec toi, et c’est difficile de faire mieux à moins de devenir militant ^^’
J’ai oublié dans les lignes de conduite que j’essaie de tenir : éviter la surconsommation ! Je suis contente d’avoir beaucoup évolué là dessus sur les dernières années.
Rhapsody in Green
Tout le monde n’a pas l’âme d’un grand militant, et c’est ok 😉 Soutenir leurs actions même discrètement c’est déjà ça ! Bien d’accord pour la surconsommation. Je n’ai jamais été particulièrement dépensière ni une grande consommatrice, mais je fais également attention à cela. Réflexe 2nde main quand c’est possible, et achats mûrement réfléchis sinon ! Malgré tout les pièges ne sont jamais très loin !
Amandine
Bonjour ! Contente de revoir tes articles par ici 🙂 !
C’est vrai qu’on en parle peu de la surcharge mentale que peut devenir ( comme d’autres préoccupations ) la conscience écologique. Il y a quelques temps de cela, je m’étais mis beaucoup de pression au sujet de la viande. Finalement, j’ai lâché la bride ; et je me suis écoutée. Il y a aussi je pense la crise économique, sociale qui a beaucoup joué aussi.
C’est comme sur la question de l’avion. C’est » facile » aux gens habitant en Europe de dire : » Ah ben je prends plus l’avion « . Étant réunionnaise et vivant toujours sur l’île, l’avion c’est la seule solution pour voyager. Que ce soit professionnel ou personnel. Pour autant, je suis raisonnable à ce sujet car tout coûte plus cher de chez nous. Mais voilà, je voudrais que le débat soit un peu objectif ; et que les efforts ne viennent pas seulement des petites gens.
Au final, je me dis que je fais ce que je peux en fonction de mes capacités financières et mentales. A mon niveau, à mon échelle. En tous les cas, merci pour cet article déculpabilisant.
Rhapsody in Green
Merci Amandine ! Je comprends totalement les contraintes liées à l’avion pour les personnes qui vivent loin de leurs proches, ou sur des zones plus isolées. Je pense que c’est à prendre en compte, et à différencier des voyages uniquement plaisir (qu’il faut hélas diminuer). En prendre conscience et faire des efforts dans ce sens, pareil pour la viande, c’est déjà agir !