J’ai toujours été fascinée par l’univers du triathlon et il y a deux ou trois ans, je me suis promis que je me lancerais un jour. Depuis que je pratique la course à pied, les sports d’endurance me plaisent de plus en plus, tout comme l’univers de la compétition. J’aime donner le meilleur de moi-même à chaque fois que je prends un dossard et il n’était donc pas question que je me présente sur la ligne de départ sans un minimum de préparation. J’ai donc longuement réfléchi avant de m’inscrire à mon premier triathlon, et j’ai fini par choisir une épreuve proche de chez moi. D’autres copains étaient inscrits aussi, ce qui m’a permis de glaner de bons conseils de la part de personnes expérimentées !
Pour ce premier essai, j’ai choisi un format S (sprint) : 750 mètres de natation, 20 km de de vélo et 5 km de course à pied. J’ai adoré cette belle expérience, et j’espère que ce compte-rendu vous donnera envie de vous lancer vous aussi !
Ma préparation
Je viens de l’univers de la course à pied. C’est mon sport, celui que je pratique avec passion depuis presque cinq ans. Un bon point pour débuter le triathlon… Mais bien évidemment, cela ne suffit pas ! Je suis complètement débutante dans les autres disciplines, avec un gros point faible : la natation. Il y a quelques mois, je ne savais pas nager le crawl. Ce n’est pas un prérequis absolument indispensable pour débuter le triathlon, mais je ne voulais pas me contenter de la brasse (que je nage d’ailleurs trop lentement à mon goût).
L’été dernier, je me suis donc mise au défi d’apprendre seule cette nage assez technique. J’ai commencé mes premières séances en piscine, en m’aidant de quelques tutoriels vidéo et en observant les autres nageurs. Cela m’a permis de bien progresser et d’être capable de nager 1500 mètres en crawl, en faisant quelques pauses de temps en temps. Et puis je n’ai plus nagé du tout après l’été, n’ayant plus le temps de tout concilier.
J’ai commencé ma préparation après le marathon de Paris. Il ne me restait plus que 4 semaines pour me mettre à niveau. J’ai repris la natation à raison d’une séance par semaine, et j’ai été ravie de constater que les efforts de cet été avaient payé. Je ne suis pas repartie de zéro et j’ai pu prendre confiance en moi. Mon niveau reste très mauvais et ma technique probablement catastrophique, mais je me sentais capable de parcourir les 750 mètres prévus le jour J.
Côté vélo, je me suis également programmé une séance par semaine, généralement avec 2 heures de sortie en moyenne. Je ne possède pas de vélo de course donc je n’avance pas très vite, mais cela m’a permis de retrouver quelques sensations.
Enfin, j’ai maintenu mes 3 à 4 séances de course à pied hebdomadaires, avec des fractionnés et du travail de dénivelé. Certains jours, j’ai enchaîné deux séances (nage + course ou vélo + course) afin de me préparer au triple effort.
Honnêtement, j’ai trouvé ma préparation un peu légère. Mais j’ai décidé de faire confiance à mon endurance et à ma résistance à l’effort, que j’avais déjà bien travaillées en amont avec ma préparation au marathon de Paris et mes séances de côtes.
Avant la course
Le jour de la course, je suis réveillée depuis 4h30 du matin. J’ai enchaîné les insomnies pendant toute la semaine et je ne suis donc pas dans une forme olympique. J’attends 5h30 pour prendre mon petit déjeuner et rassembler mes affaires. Guillaume m’accompagne et m’aide à charger le vélo et à ne rien oublier. Il y a beaucoup de logistique et de matériel à prévoir, mieux vaut avoir tout préparé la veille.
Nous avons 40 minutes de route pour arriver au lac de l’Ailette, lieu de départ de la course. Je récupère mon dossard et ma puce, et retrouve les copains. Nous posons nos vélos et nos affaires dans le parc à vélo assez tôt : il y a environ 500 partants, cela fait du monde ! Je suis un peu perdue, mais un copain me guide, me montre gentiment le parcours et me donne quelques conseils.
Avec le groupe, nous enfilons nos combinaisons afin de s’échauffer dans l’eau. La température du lac n’est pas très chaude, environ 16-17 degrés. Je m’attends à mourir de froid en glissant un orteil dans le lac, mais je suis très surprise : l’eau est plutôt bonne. Alors que je suis une grande frileuse et que je déteste l’eau froide. La combinaison me tient bien chaud, c’est rassurant.
J’essaie de faire quelques mouvements de brasse pour commencer mais dès que je plonge la tête sous l’eau, je n’arrive plus à respirer. Petit moment de panique. Je n’ai jamais nagé en eau vive, je n’ai jamais utilisé de combinaison… Mais qu’est-ce que je fiche ici ? Ma copine triathlète me rassure : c’est le froid. Et en effet, à force de faire quelques mouvements dans l’eau, le corps se réchauffe et la respiration se calme. Nous faisons un aller-retour jusqu’à une bouée mais je sens vite que le crawl me fatigue les bras. Je préfère me préserver pour la suite et rejoins les bords du lac.
Première partie : natation
Toutes les femmes se placent au bord du lac en attendant le départ. Nous partons 10 minutes avant les hommes, ce que je trouve rassurant. Je me place derrière, sachant que je suis une mauvaise nageuse. Je n’étais pas très stressée jusque là, mais l’appréhension commence à me gagner. L’eau n’est pas mon élément et j’ai peur de ne pas m’en sortir.
Heureusement, je n’ai pas le temps de réfléchir très longtemps. Le départ est lancé, et c’est la ruée dans l’eau. Je m’avance prudemment, en essayant de ne pas glisser, et me retrouve bien vite au milieu du peloton. On m’avait prévenue : c’est une vraie machine à laver ! On se donne des coups et c’est la guerre pour avancer. Je m’attendais à perdre mes moyens, mais je trouve la situation bien moins terrible que ce qu’on m’avait vendu. Après deux mouvements de brasse, j’essaie de poser mon crawl. J’ai du mal à être régulière et à m’orienter. Je sors la tête de l’eau régulièrement pour ne pas perdre de vue ma trajectoire, mais cela me déconcentre un peu.
Je suis toujours au milieu du peloton, et je ne comprends pas pourquoi je ne suis pas déjà la dernière. Cela me donne un peu confiance et j’avance comme je peux, en alternant crasse, crawl, et savant mélange des deux. J’arrive à la première bouée, qui me paraissait si loin depuis les berges. Je ralentis un peu pour en faire le tour, puis c’est reparti en direction de la deuxième. Le groupe commence à s’étirer, même si je n’ai toujours pas beaucoup de place pour nager. J’ai du mal à doubler, alors je préfère rester un peu retrait.
Arrive la dernière bouée et c’est un immense moment de soulagement. Il ne me reste plus qu’une longue ligne droite et au fond de moi, je sais maintenant que je vais finir ce triathlon. J’achève cette partie natation avec du crawl, en zigzaguant car j’ai bien du mal à nager droit. Les algues me caressent les jambes et, à quelques mètres de l’arche, je retrouve la délicieuse sensation de la terre ferme sous les pieds.
Au bilan : 19 minutes dans l’eau, bien en dessous mes prévisions !
Première transition
Je sors de l’eau un peu sonnée, mais avec un immense sourire aux lèvres. Je l’ai fait ! C’est dingue ! J’ai l’impression d’avoir fourni un effort conséquent et j’ai du mal à imaginer que la compétition n’est pas terminée. Mais il n’y a pas de temps à perdre. Je cours vers le parc à vélo en faisant glisser la combinaison de mes épaules. Le froid et l’effort me font perdre en lucidité. J’enlève tant bien que mal ma combinaison, me sèche un peu et enfile chaussettes et baskets en tremblant un peu. Casque sur la tête, je me rends bien compte que je suis très lente. Il fait froid et je voudrais mettre les gants et la veste que j’ai préparés mais mes mouvements sont désordonnés. Tant pis, j’abandonne les affaires chaudes et cours avec mon vélo vers l’aire de transition.
Deuxième partie : cyclisme
J’enfourche le vélo de course que l’on m’a prêté, et c’est parti ! Objectif pour les 20 kilomètres à venir : tout donner, pour ne rien regretter. Dès les premiers mètres, je me maudis de n’avoir pas su enfiler ma veste et me prépare mentalement à grelotter tout du long. Heureusement, je me réchauffe assez rapidement et oublie un peu le temps maussade.
Je ne suis pas très bien entraînée, mais je mets tout mon cœur à l’ouvrage. La première partie est légèrement vallonnée mais pas très difficile pour autant, et je tiens une bonne moyenne pour mon petit niveau. Tous les hommes me doublent à vive allure (il s’agit de la tête de course), mais de mon côté j’arrive à doubler plusieurs femmes. Une, puis deux, puis trois… Aucune femme ne me double avant un moment, c’est tellement encourageant ! Cela me motive et je serre les dents lorsque les cuisses brûlent.
Les descentes sont une vraie partie de plaisir. Je me baisse sur mon guidon et me laisse griser par la vitesse, tout en continuant à pédaler. A mi-parcours, je rencontre la première et grosse difficulté : une longue côte de 2-3 kilomètres. L’allure chute, mais je ne lâche rien, et j’arrive encore à doubler 2 ou 3 femmes.
Le temps défile très rapidement et la fin du parcours, plus facile, me permet de me préparer à la suite. J’ai hâte de retrouver la course à pied. Quelques hommes me doublent encore en m’encourageant : j’adore ce bel esprit sportif ! J’achève cette partie vélo en 44 minutes (environ 26-27 km/h car le parcours fait plutôt 19 que 20 km).
Deuxième transition
Je descends de vélo. Les copains m’encouragent et de mon côté, je suis tellement heureuse de vivre des moments aussi intenses. Je me laisse d’ailleurs déborder par mon enthousiasme et passe à côté de mon emplacement vélo ! Demi-tour en riant, je gare mon bolide et j’avale quelques gorgées d’eau. Je suis toujours un peu sonnée par l’effort et j’aimerais bien prendre une petite pause, mais je repars sans réfléchir.
Troisième partie : course à pied
Mes cuisses sont en feu dès les premières foulées et mes jambes crient à l’aide. On m’avait vendu cette transition comme la plus difficile, et je le confirme ! Je pars très vite et je dois calmer un peu mes ardeurs si je ne veux pas caler après quelques mètres. Néanmoins, je double très vite un petit nombre de personnes et garde mon grand sourire jusqu’aux oreilles. C’est mon sport, alors il faut tout donner !
Par contre, mon sourire se transforme en grimace lorsque je réalise où nous emmène le parcours… Dans les côtes ! Je me demande cinq secondes si les organisateurs sont vraiment sérieux. Apparemment oui ! Je sens que je vais devoir un peu changer mes prévisions d’allure et activer le mode « trail » dans la première côte. Je m’encourage mentalement, et je continue à remonter tranquillement hommes et femmes. C’est toujours l’enfer pour mes jambes, mais un bonheur pour la tête.
Le parcours est un aller-retour sur la voie verte et je croise donc les copains en sens inverse. Je les encourage à plein poumons ! J’arrive au demi-tour en épingle, bien contente de savoir les dernières difficultés terminées. Place à la descente, et je peux enfin libérer les jambes. Encore deux kilomètres à tenir, mais je maintiens le cap en essayant de ne pas faiblir.
Deux filles sont à moins de 30 mètres devant moi, mais je n’aurai pas la force de sprinter. Je suis vraiment bloquée dans cette allure « confortable »… Cela m’apprendra à gérer les transitions un peu mieux. J’aperçois devant l’arche d’arrivée et j’accélère pour le plaisir sur les derniers mètres. Après 24 minutes de course à pied, je suis finisher !
Conclusion
Je termine ce premier triathlon avec une grande fierté, et surtout un grand sentiment de bonheur. Tout s’est bien déroulé, j’ai géré la course du mieux que je pouvais et je me suis tellement amusée ! Mon temps final est de 1h31 et je me classe 40ème femme sur 140 (avec une 15ème place femme en course à pied). Je ne m’y attendais pas du tout et je pensais mettre plutôt 1h45-2h00 en me classant en fin de peloton. Il n’y avait pas un niveau très relevé, mais je suis contente de savoir que j’ai ma place dans ce monde très intimidant du triathlon.
Le format sprint m’a beaucoup plu : il y a une juste dose de vitesse et d’endurance, ce qui me correspond tout à fait. Bien sûr, je rêverais de passer aux distances supérieures… Mais ce n’est pas pour tout de suite. Je ne tiens pas du tout à brûler les étapes et je préfère prendre le temps de me perfectionner dans les différentes disciplines.
Cette première expérience a donc été très enrichissante : un vrai moment de sport et de dépassement de soi ! Il y en autres d’autres, c’est certain !
Myrtilla
Wow bravo Astrid !! 😀 ça me motive encore plus pour mon premier triathlon, que je ferai en septembre ! 😀 T’as trop assuré, chapeau ! Mais j’ai quelques questions : pour la natation j’ai vu que t’as une combi intégrale et pour le vélo et course à pieds t’as une combi courte, est-ce que tu l’avais dessous celle de natation ? ou comment tu fais le changement ? comment tu gères les pauses toilettes ? Parce que je sais pas toi, mais moi après avoir nagé je dois absolument passer par la case WC ahaha
Et j’ai vu aussi que t’as un dossard uniquement sur la course à pieds, mais pas sur la partie vélo et nage, comment ça se fait ? Le temps perdu dans les transitions est compté aussi ?
Merci pour tes réponses et encore bravo !! 😀
Rhapsody in Green
Merci beaucoup ! Alors pour répondre à tes questions, j’avais en effet une combi courte (une « trifonction »), que l’on garde toujours sur soi, et notamment sous la combinaison de natation. Au moment de récupérer le vélo, il faut enlever la combi de nage et on est prêt à pédaler (sans oublier le casque !)
Pour les pauses toilettes je n’ai pas eu ce souci. Sur les formats sprint on n’a généralement pas besoin de passer aux toilettes. Sinon l’astuce de certains triathlètes, sur des épreuves longues notamment, c’est de faire pipi dans l’eau. Sur des grosses épreuves il y a toujours des toilettes sur les parcours vélo/course généralement.
Pour le dossard, je l’ai toujours sur moi, c’est juste que sur le vélo il le faut le placer derrière, et sur la course devant ! Regarde bien les photos, tu verras ma ceinture porte-dossard sur le vélo 😉 Et tous les temps sont comptés, c’est pour ça que les pros s’entraînent à faire des transitions les plus courtes possibles. Pendant tout le parcours j’ai une puce accrochée à la cheville pour justement avoir les différents chronos. J’espère que ça a pu t’aider ! Bisous.
Myrtilla
Merci beaucoup pour ta réponse !! 🙂
Ornella
Franchement, j’ai beaucoup d’admiration pour les gens qui courent, mais alors pour ceux qui font du triathlon, encore plus !
Rhapsody in Green
C’est vrai que c’est impressionnant au début, mais en fait cela reste un sport relativement accessible, notamment pour les petites épreuves. Et c’est très ludique !